Pièce contemporaine en un acte alliant texte, chant lyrique, danse et musique originale
sur une idée de Martine Midoux
Livret et textes des chants: Josip Rainer
Musique originale: Roland Creuze
Jeu théâtral et chant lyrique: Martine Midoux
Danse et chorégraphie: Yutaka Takei
Regard extérieur: Pascal Larue
Lumières: Nicolas Barraud
Costumes: Aya Roppongi-Vécile
Théâtre de Chaoué Allonnes 2012
Co-production Cie MUSICARTHÉA / Cie FOREST BEATS
Le 6 septembre, une nuit noire, Estelle commence son aventure.
Un voyage imaginaire vers Arles, vers la Maison Jaune, vers La Chambre de son Vincent.
C’est un grand chant d’amour.
La pièce de Josip Rainer LA CHAMBRE EMOI évoque, dans une langue énigmatique et poétique, l’émoi d’une femme ébranlée par une oeuvre d’art.
Il est ici question d’émotion.
Vingt ans que la toile de Vincent Van Gogh « La Chambre à Arles » l’obsède.
Vingt ans que cette femme, Estelle/Martine Midoux, se cherche.
S’est-elle perdue ou jamais connue?
Elle se lance alors dans un acte fou: retrouver la Maison Jaune de Vincent à jamais disparue et rentrer dans sa chambre.
Est-ce cela qui va, peu à peu, la révéler à elle-même? Lui offrir la sérénité?
La toile aurait-elle avec ses couleurs, ses formes et son magnétisme, le pouvoir de lui ouvrir des portes ?
Entre force et fragilité, errances et fulgurances, Estelle progresse dans son cheminement. Mais ses démons et ceux de Van Gogh, incarnés dans le personnage de Dehors/Yutaka Takei, ne sont jamais loin. Sa danse n’a de cesse de hanter la chambre et de manipuler l’esprit d’Estelle. Il voit Estelle quand elle rentre dans le tableau mais reste invisible à celle-ci qui, cependant, ressent la force de sa présence.
Nous sommes ici dans un temps suspendu.
Les interactions entre la chanteuse lyrique-comédienne et le danseur ont pour support les corps, le jeu théâtral, la danse, la musique et le chant. L’énergie qui anime la transmission de l’émoi n’est jamais rompue.
A l’exception d’une chaise, le plateau est vide et figure « La Chambre à Arles ».
Les meubles peints dans la toile sont dessinés par Estelle en jeu de mime. Tout se joue dans l’imagination des spectateurs. La lumière a une place de choix, là où le peintre a admirablement joué des couleurs et des volumes.
Le chant non sonorisé et interprété en direct par la chanteuse-comédienne, ainsi que les percussions jouées par le danseur, ont pour partenaire une musique écrite et assistée par ordinateur de Roland Creuze.
La chorégraphie épurée de Yutaka Takei s’épanouie dans cet univers des plus intimes dépeint par Josip Rainer,
Les artistes remercient le peintre Jannick Chiraux pour son travail de création picturale autour de LA CHAMBRE EMOI, l’exposition de ses toiles et dessins suivra le parcours itinérant du spectacle.
La durée du spectacle est d’1h10 sans interruption.
Jannick CHIRAUX peintre
Être un témoin privilégié d’un processus de création. Être comme un reporter admis dans une tribu fermée. C’est la philosophie de mon travail quand il s’agit d’accompagner une troupe de danse ou de théâtre. Tout commence par un travail photographique : l’important étant d’être dans une proximité intime avec les comédiens, que ce soit pendant leur préparation, leurs répétitions, leurs discussions... Pendant les répétitions, je suis la petite souris, qui est là sans être là. Collé au plus proche de l’action, quitte à parfois me transformer en « toréro », anticipant et esquivant… Shootant en rafale ou filmant pour ne rien rater, au final, je me retrouve avec des milliers de photos et c’est de ce matériel photographique que je m’inspire.
Tri, composition, esquisse… jusqu’au résultat final : des peintures et des dessins.
MAISON JAUNE, JE ME SERS DE TOI
Maison jaune, dis- moi, où es-tu ? J’arrive
Sur l’îlot, bâti sur un coeur de paysage.
Je suis devant toi, je ne vois que du noir,
Tes persiennes, tes yeux verts, tous feux éteints.
Maison jaune, rien de ton jaune clair, jaune
La terre des travaux de rue, jaune les rues ;
Je vois et je ne vois rien, je vois dans ma tête ;
J’entends en moi, la pause, silence, le noir.
Tant de couleurs m’assiègent, tant de vie,
Sur le pont ferroviaire, il y un train qui passe,
Son panache blanc me parle d’ailleurs : PARTIR.
Mais, maison jaune, je ne partirai pas, je reste.
Dans ton coeur, la chambre, Vincent, mon répit ;
Dans la chambre, sommeil sens, sommeil émoi ;
Dans mon corps, mon coeur d’Estelle, c’est toi :
Nos démons de vie, et voici nous des assujettis.
Maison jaune, glaciale, à l’intérieur de nous,
Glaciale et gelée, à l’intérieur de mon âme.
Je me sers de toi comme un bûcheron de sa hache.
Je me sers de toi comme un bûcheron de sa hache.
Josip Rainer